« Je voudrais pas mourir sans qu’on ait inventé les roses éternelles, la fin de la douleur, tous les enfants contents et tant de choses encore qui dorment dans les crânes. Je voudrais pas crever avant d’avoir goûté la saveur de la mort. »
Il est mort dans une salle de cinéma le 23 juin 1959 à l’âge de 39 ans, en assistant à l’adaptation du livre qui l’avait fait connaître douze ans plus tôt. Lorsqu’en en 1947, avec J’irai cracher sur vos tombes, Boris Vian venait de publier le premier et le plus sulfureux de ses romans. Encore inconnu du grand public, il incarnait alors la rage de vivre d’une génération que la guerre avait privé de jeunesse, et qui se défoulait dans les caves et les bars de Saint Germain des Prés. Au café de Flore, au Tabou ou au club Saint Germain, elle venait boire et danser sur des musiques interdites pendant l’occupation et entendre ce touche-à-tout de génie, qui, entre deux romans, jouait de la trompette au Quartier Latin.